L'horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg comporte notamment un comput ecclésiastique construit par Jean-Baptiste Schwilgué entre 1838 et 1842. Ce mécanisme ingénieux permet de déterminer les éléments du comput ecclésiastique (nombre d'or, cycle solaire, indiction, lettre dominicale et épacte) ainsi que la date de Pâques d'année en année.
Ce mécanisme est en fait une version agrandie d'un prototype que Schwilgué avait construit en 1821 et qui a longtemps été cru perdu. On en avait en effet perdu la trace vers 1945.
Or, coup de théâtre, fin 2021, peut-être pour le bicentenaire de sa construction, une descendante d'une filleule d'une descendante de Schwilgué a fait don de ce mécanisme à la fabrique de la cathédrale de Strasbourg.
L'archevêque de Strasbourg, Monseigneur Luc Ravel, a pris les choses en main et a choisi de ne pas lancer de travaux scientifiques sur le comput, mais de commencer par publier un roman policier. Ce roman est paru en avril 2023.
Cependant, en novembre 2022, alors que le roman était achevé, l'évêché a décidé d'en autoriser l'étude (c'est bizarre, mais c'est comme cela). Ayant grandement travaillé sur l'horloge astronomique et notamment sur son comput (dont j'avais réalisé une modélisation 3D partielle en 2001-2002), ayant aussi travaillé aux algorithmes de calcul de la date de Pâques (voir notamment mon étude sur l'épacte 19 et sur le nomogramme de Garrigues), et étant à l'origine du comité scientifique de l'horloge astronomique (dont j'ai démissionné en 2012, parce que la fabrique bloquait la recherche scientifique), j'ai été associé à partir de décembre 2022 à cette étude. De décembre 2022 à avril 2023, j'ai organisé l'étude et l'intervention sur le comput, notamment son démontage. Ce travail a été fait en collaboration avec Jean-Pierre Rieb, et finalement avec Ludovic Faullimmel qui nous a assistés pour le démontage, nettoyage et remontage fin mars 2023.
Pendant ces travaux, le comput a été examiné sous toutes ses coutures, des mesures ont été prises, des plans ont été réalisés, de nombreuses photographies ont été prises, des relevés XRF ont été faits, tout ceci permettant de réaliser une documentation exceptionnelle et même unique.
Il faut en effet savoir que la presque totalité des horloges et autres mécanismes ne sont jamais proprement documentés, même dans de grands musées comme le Louvre (par exemple pour la pendule de la Création du Monde où la soit-disante documentation de la restauration se réduit à 20 pages sans aucune photographie !) ou le château de Versailles (la restauration de la pendule de Passemant n'a pour l'instant donné lieu qu'à un article criblé d'erreurs dans le bulletin de l'AFAHA de juin 2023), et même lorsque les interventions sont supervisées par la DRAC (par exemple pour certaines horloges classées en Alsace, où des éléments ont été perdus lors de la restauration, ou tout simplement pour l'horloge astronomique, lors de la restauration de 2001-2002). Une intervention sur un mécanisme complexe nécessite l'intervention conjointe de chercheurs et de restaurateurs, pas simplement de restaurateurs qui n'ont pas la formation et l'expérience de la documentation et des publications. C'est pour cela que notre travail devrait être une étape fondamentale et exemplaire.
Malheureusement, mon travail n'est pas tout-à-fait achevé. Pour l'achever, j'ai actuellement besoin de deux choses :
Ce n'est que lorsque les deux points précédents auront été satisfaits que je pourrai achever mon travail de documentation. Sans cela, mon travail ne pourra pas être publié et il est alors fort probable que le comput de 1821 ne sera jamais documenté scientifiquement.
D'autres pages en rapport avec l'horloge astronomique :
Denis Roegel, 29 juillet 2024.